ÉGAREMENTS

 

Égarements, (traduit de l’arabe par Jamel Eddine Bencheikh et accompagné de six gravures d’Assadour), éd. André Biren, Paris 1993.

 

Égarements, traduction française de La Solitude de l'or ( عزلة الذهب ), est le second livre d'Issa Makhlouf paru en France.

 

Jamel Eddine Bencheikh, le traducteur, est né en 1930, a publié plusieurs recueils de poésie, des essais et a enseigné la littérature arabe médiévale à la Sorbonne. Il nous a quittés en 2005.

 

Le peintre Assadour, qui a illustré Égarements, est né à Beyrouth en 1943 et vit et exerce à Paris depuis 1964.

 

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et illustré de 6 eaux-forets

par Assadour, éd, André Biren

Paris 1993

 

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Témoignage de Jamel Eddine Bencheikh

 

 

Un furtif frémissement. Un frisson imperceptible entre deux lettres qui s’assemblent puis deux mots qui se joignent. Des lettres pourtant familières, des mots paisibles et qui auraient dû le rester. Mais ces lignes sans annonce ouvrent un espace où nous ne pensions pas arriver. Une interrogation innocente, une affirmation tranquille viennent troubler la surface du texte. L’accident se produit en chaque poème où une plante peut oublier de verdir, un miroir changer le visage qui s’y fixe. L’insolite déjoue l’apparence, le sens dévie de l’habitude. Exercice illégal de la parole : poésie.

Issa Makhlouf fait de la vérité un leurre et de l’illusion une respiration possible. Ici toute certitude vacille. La lumière se mêle au sang, le rêve précède le sommeil. Inconciliable avec le visible, le poème se suspend à une infime vibration d’être, déclenche un étonnement fertile. Il nous faut du temps pour comprendre ce monde et saisir une durée faite de ces moments où s’énonce la surprise.

Le poète écrit sur le sable des signes fragiles que rendra muet le vent. Mais il aura parcouru le lieu d’aimer. Il aura semé avec patience les graines de l’indicible. Ses égarements sont féconds. Il est en lui une féminité qui cherche à « donner forme au vide », et ose se dénuder pour naître.

A peine le désordre établi, Issa Makhlouf retourne au silence et laisse en nous cet instant dont nous n’avons plus que le goût de cendre. L’insaisissable n’aura pas survécu mais il a fait promesse d’avenir. Nous garderons sur les mains les parfums de l’amour qui sont le seul message de nos corps menacés.

 

Jamel Eddine Bencheikh (1993)